Les quarante Figure

Le terme QUARANTE FIGURE désigne un format de châssis selon une nomenclature reconnue qui correspond à 100 x 81 centimètres.
Cette série propose une mise en abîme de poncifs picturaux selon le mode ironique du détourer / détourner mais avec le plus grand respect de ce que l’on appelle le métier.

Ces toiles sont peintes à l’huile et chacune est accompagnée d’un cartel, d’une légende (l’appât de la signification) explicitant le sujet (l’analogie de la peinture doublée par l’analogie du titre) afin de préciser les sources et donner une piste de lecture.

Les douze premières toiles de ce format ont été montrées à Bordeaux à l’ENTREPÔT LAINÉ durant la SEMAINE SIGMA en 1980.
Le catalogue qui a accompagné cette première monstration constitue l’origine d’un travail d’écriture et de conception éditoriale qui n’ont jamais plus cessé.

L’ouvrage comprend des dessins, divers documents, les photographies des 12 toiles et un récit autobiographique ainsi que trois notes critiques de RENÉ LALOUE, psychanalyste, JEAN MEYER, psychanalyste et JEAN-CLAUDE DUTERTRE, artiste.
Cet ouvrage a été autoproduit et tiré à 200 exemplaires. Couverture sérigraphiée, 20 x 16,5 cm. 60 pages. 1980.

La série des douze peintures a été prolongée jusqu’à vingt-cinq.

Durant les années de production (1980 / 1884) ont eu lieu plusieurs monstrations des peintures de cette série, en totalité ou par fragments dans des musées (Mt de Marsan, Niort), des institutions (Angoulême, Toulouse, Royan), des espaces privés (Knoll International) ou des galeries (Torrente).

Catalogue produit pour le Centre d’art d’Angoulème (ACAPA), accompagné d’un texte critique de JEAN LASCOUMES.
500 exemplaires édités par le Centre d’Art. 21 x 28 cm. 1983.
Catalogue produit pour le Musée de Mont-de-Marsan avec un texte critique établi par JEAN LASCOUMES.
500 exemplaires édités par le Musée. 21 x 28 cm. 1983.

  • Catalogue produit pour le Centre d’art d’Angoulème (ACAPA), accompagné d’un texte critique de JEAN LASCOUMES.
    500 exemplaires édités par le Centre d’Art. 21 x 28 cm. 1983.
    Catalogue produit pour le Musée de Mont-de-Marsan avec un texte critique établi par JEAN LASCOUMES.
    500 exemplaires édités par le Musée. 21 x 28 cm. 1983.

Catalogue produit pour le Musée de Niort.
Texte original de l’auteur accompagné de la reproduction plein format de certaines des toiles présentées.
500 exemplaires édités par la Direction des Musées de France, 12 pages, 32 x 27 cm. 1985.

  • Catalogue produit pour le Musée de Niort.
    Texte original de l’auteur accompagné de la reproduction plein format de certaines des toiles présentées.
    500 exemplaires édités par la Direction des Musées de France, 12 pages, 32 x 27 cm. 1985.

Un récapitulatif de ce travail a été produit en 2008. Trois recueils proposent un bilan critique et illustré (concernant également la série qui sera produite à partir de 1983 : FRAGMENTS ET PARTS (36 pièces).

– ÉTAT D’ÂME (14 pages) est une sorte d’introduction aux deux autres :
– SOUVENIR DE PEINTURE (38 pages) développe ce qui a prévalu à la réalisation de la série des ”12 QUARANTE FIGURE” (qui s’est poursuivie jusqu’à 25) et s’est achevée en 1984. Chaque peinture bénéficie d’une reproduction photographique accompagnée du titre de l’œuvre.
– SOUVENIR DE 36 PIÈCES (48 pages) est le catalogue illustré des pièces produites jusqu’en 1996 sous l’intitulé ”FRAGMENTS ET PARTS”, précédé d’une note d’introduction.
Ces 3 autoproductions numériques sont tirées à la demande au format 16 x 14,5 cm, reliure japonaise. 2008.

  • – ÉTAT D’ÂME (14 pages) est une sorte d’introduction aux deux autres :
    – SOUVENIR DE PEINTURE (38 pages) développe ce qui a prévalu à la réalisation de la série des ”12 QUARANTE FIGURE” (qui s’est poursuivie jusqu’à 25) et s’est achevée en 1984. Chaque peinture bénéficie d’une reproduction photographique accompagnée du titre de l’œuvre.
    – SOUVENIR DE 36 PIÈCES (48 pages) est le catalogue illustré des pièces produites jusqu’en 1996 sous l’intitulé ”FRAGMENTS ET PARTS”, précédé d’une note d’introduction.
    Ces 3 autoproductions numériques sont tirées à la demande au format 16 x 14,5 cm, reliure japonaise. 2008.

À la suite de cette série de peintures (1984) il y a eu un projet intitulé « LE POTEAU ROSE » qui a fait l’objet de travaux préparatoires conséquents mais qui sont demeurés sans suite… si ce ne sont deux œuvres, intitulée pour l’une LA BATAILLE DU POTEAU ROSE, et pour l’autre LE PERSPECTEUR.

LA BATAILLE DU POTEAU ROSE

Mix media : acrylique, huile, résine, bois, toile ; sous-verre 90 x 71 x 10 cm. (1984)

Entre Bazas et Roquefort dans les Landes l’armée américaine avait établi un très important camp militaire dans le cadre des accords internationaux liant les pays ayant mis fin aux exactions nazies en 1945. Tout le long de la route bordant ce camp s’était établi au lieu-dit LE POTEAU un ensemble de baraquements dont la vocation affichée était de servir de bordels de campagne. Ces établissements espacés tous les deux cent mètres environ étaient au nombre d’une douzaine, ils portaient des noms choisis parmi lesquels le Bar des Pins, le Bambi, l’Écrin, le Bilitis… En 1967 le Général de Gaulle pria les militaires américains de rentrer chez eux mais les bordels demeurèrent en activité. Ce n’est que vingt ans plus tard que furent définitivement clos puis détruits ces établissements. L’histoire qui me lie à ce lieu est faite des compréhensions successives que j’en ai eu. J’habitais Bordeaux et mes grands-parents dans le Gers, et la route qui m’amenait chez eux à chacune des vacances scolaires passait par LE POTEAU, ainsi le premier souvenir que j’en ai eu est celui-ci : soudain les conversations s’arrêtaient dans la voiture et les têtes se tournaient avec insistance vers la forêt en pointant une curiosité du paysage. La forêt (landaise) en question est d’une banalité absolue en face des bordels tous situés sur l’autre côté la route (la D 932). Lorsque je fus en âge de percevoir des signes plus explicites je compris qu’il se passait là des choses dont on ne pouvait pas parler librement, je surprenais les ouvriers agricoles tout comme les artisans voisins (parce qu’en famille le sujet n’était jamais abordé) dire de manière entendue qu’ils allaient au Poteau… Étrange destination qui me laissait interrogatif mais sans insistance sinon que le terme poteau déjà ambivalent était entouré d’une sorte de secret opaque s’augmentant du fait que lors de quelques passages, ayant jeté furtivement un regard de l’autre côté de la route, j’eus l’occasion d’apercevoir des sortes de buvettes avec en avant des jeunes-filles regardant passer les voitures un verre à la main. Je ne découvris le pot au rose qu’à l’adolescence et il est maintenant nécessaire de préciser d’où vient cette locution : au Couvent des Oiseaux les jeunes-filles pensionnaires avaient l’interdiction de se maquiller mais lorsque les religieuses trouvaient que l’une d’elles avait les pommettes un peu trop roses elles cherchaient le pot qui contenait le fard afin de le leur confisquer. C’est alors que j’appris aussi de la bouche de certains intéressés qu’outre ses activités d’accueil ordinaires les bordels recevaient moult troisièmes mi-temps de rugby, parties de chasse ou meetings politiques qui s’achevaient là. J’ai connu personnellement un plombier très impliqué dans l’entretien des sanitaires de ces lieux et un maçon qui faisait ses 120 kilomètres aller-retour en mobylette parfois de nuit. Toujours est-il que l’expression aller au Poteau était utilisée à soixante kilomètres à la ronde, chacun sachant parfaitement de quoi il retournait. Un matin de 1987 d’importantes forces de police entourèrent le lieu-dit, expulsèrent toute sa population et placèrent des scellés sur les établissements qui restèrent en l’état durant quelques mois avant d’être rasés. C’est à cette époque que j’eus l’occasion de pénétrer dans le Bar des Pins par les ouvertures arrières qui avaient été forcées. Je conserve de cette visite une belle émotion et surtout une documentation choisie dont je me suis servi pour inaugurer une série dont je ne conserve à ce jour que deux pièces : « LE PERSPECTEUR » et « LA BATAILLE DU POTEAU ROSE ». Le tableau en relief que j’ai intitulé « LA BATAILLE DU POTEAU ROSE » est composé de plans étagés qui figurent métaphoriquement les strates de compréhension que j’ai eu progressivement du phénomène. Les cariatides qui servent de fond ont été arrachées aux pages d’un Paris-Hollywood usagé et peintes sans délicatesse. Par devant, sur un carton à peindre (toilé), c’est une représentation en bleu d’un de ces établissement (intitulé le Bar des Pins) et par devant encore une petite toile représente ce qu’est devenu le paysage, labouré après la destruction des baraquements. Une trainée de peinture rose (en résine) ancrée sur les bords du cadre (en pin) traverse la mise en scène en partie basse et des soldats y sont agglomérés. Ils s’arrêtent face à face à l’endroit où un trait de peinture (qui se prolonge sur les divers plans) trace une sorte de poteau.

Perspecteur

LE PERSPECTEUR

Mix media : plume, pastels, gravure, cuivre, tiges de métal, calque : sous-verre 40 x 26 x 3 cm. (1984)

Pour ce second tableau qui donne à voir la partie arrière du bar Les Pins, sa composition réfère explicitement à celle du Grand Verre de Marcel Duchamp (dont le titre exact est La mariée mise à nu par ses célibataires, même) quant à ses proportions. Il s’agit de deux ensembles superposés dont celui du dessus représente le ”perspectif”, celui du dessous le ”géométral”. Ici est montrée dans la partie supérieure la salle de bains d’une des cellules telle qu’on peut la voir depuis une des fenêtres de la cour intérieure (pastels). Dans la partie inférieure, c’est une vue de la cour intérieure (dessin à la plume sépia) à l’extrémité gauche de laquelle est placé le perspecteur (gravure sur cuivre chantourné). Le perspecteur dans les anciens manuels de perspective était ce personnage dessiné qui permettait de comprendre à partir de quelle position le paysage vu en perspective était représenté. Ainsi le perspecteur vise la fenêtre de la salle de bains au-travers de laquelle son regard pourrait plonger dans la baignoire grâce à un petit dispositif de cadres suggérant le balancement perspectif permettant de passer d’une vision horizontale à celle en plongée ainsi que dans le Grand Verre Marcel Duchamp a introduit ce qu’il a appelé les Tamis. On voit tracé sur une feuille le dessin de ce qui est alors reporté dans la partie supérieure et mis en couleurs. Il y aurait dans ce déplacement de visions, horizontale et perspective (signifiée par le cadrage d’une fenêtre qui ne montre que sa menuiserie extérieure jusqu’à la même fenêtre au-travers de laquelle le regard peut plonger), une ”amélioration” identique à celle que j’ai pu signifier dans LA BATAILLE DU POTEAU ROSE, c’est-à-dire la prise en compte progressive de la réalité d’une situation par le déplacement des points de vues.